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Dry-Tooling, historique (nombriliste) et perspective.


Chaque religion à son créateur, chaque sport son mentor. Le dry-tooling n'échappe pas à la règle. Hommage à un génie, Monsieur Stéphane Husson.


Quand les coupes du monde démarrent dans les années 2000, les compétiteurs sur glace sont en quête de support pour s'entraîner physiquement. La falaise du Sanglier (74) voit ainsi le jour. Sa voisine, la grotte de “Castor et Pollux” suit rapidement.

“Castor” deviendra l’archétype des voies privilégiées des Dry-tooleurs : fort dévers, grands mouvements dynamiques et balans de l’espace.

A lignes futuristes outil adapté. Stef, DD Dulac et l'équipe Petzl nous offre le révolutionnaire "Ergot".

Les Français ratent néanmoins le coche de l'image et du spirit. " No Pain, No Gain" sera au dry tooling l'équivalent, en plus funky, de "La vie au bout des doigts" d'Edlinger.

Les combats des frères Anthamatten dans "Vertical Limit" sont un électrochoc. L'essence du Dry à l'état brut.


De mon coté, je débute le dry-tooling fin des années 90 dans le Briançonnais. Puis après avoir perdu beaucoup trop de temps sur le circuit de coupe du monde pour truster quelques pitoyables places en demi-finale, je décide d’arrêter les frais. De cette frustration sortira le circuit DTS.

Le but du DTS : Faire grimper les gens au maximum et sans stress .

Les prises sont marquées et les voies démontrées. On poussera le vice jusqu'à faire une remise de prix tirés au hasard avant la final. Les grimpeurs sont alors totalement relâchés ! Notre idée ( Grillot/Joly/Mercier) étaient aussi d'impacter les départements alpins pour toucher un maximum de pratiquants (Haute-Savoie,Isère et Hautes-Alpes). Notre challenge sera d’offrir de nouvelles falaises ou de nouveaux itinéraires à chaque fois. La plupart des sites actuels naîtront de cette initiative.

L’autre point marquant du DTS sera un de ses rares articles de règlement, l’emploi du Yaniro ou “Fig4” pour le reste du monde. Mes 3 années sur le circuit des coupes du Monde m’ont laissé le souvenir d’une suite ininterrompue de ce seul et même mouvement, des voies aussi inintéressantes à regarder qu’à grimper ! A défaut de l’interdire, nous le déconseillerons fortement. Les gars jouent le jeu.

L'appellation French Style qualifie maintenant les ascensions sans l’usage de Yaniro.

Hormis aux Us, en suisse (alémanique) et en Corée, les leaders en la matière ne l’emploieront pas dans leurs voies phares, Greg Boswell en Ecosse, Tom Ballard avec “Line above the sky” en Italie, Simon Chatellan et ses voies dures en Suisse, Filip Babicz, l’autre homme par qui le D16 est arrivé et Darek Sokolowski et ses monstrueuses lignes en Pologne et son projet mutant (17?) à Tomorrow world.
A l’heure actuelle, une seule ligne résiste encore au “no fig4”, Iron Man, la voie de Robert Jasper à Eptingen en Suisse.

En 2018, côté falaise l’histoire du Dry en France semble tirer doucement sa révérence.

Il n’y a guère de nouvelles falaises qui se développent et les secteurs existants sont, à l’image de l’Usine, notre secteur phare, rempli de connexions incompréhensibles. L’usage des crampons a creusé les prises de pieds et ainsi facilité la majorité des voies. De son côté, le DTS survit difficilement du fait du manque de renouveau. D'épreuve jugée élitiste, le DTS s'est transformé, et c'est une bonne chose en grande manifestation tournée vers l'initiation en devenant "FestiDry". Quid de l'échelon entre "initiation" et "sélection nationale" ? La question reste ouverte...Dommage qu’une fédération solide n’ai pas réussi à user de sa puissance pour  faire rentrer le dry tooling là où est le public, dans les salles d’escalade des grandes cités urbaines ! A n'en pas douter et de par sa similitude avec l’escalade en salle, on pourrait imaginer l’intégrer aux compétitions d’escalade chez les jeunes, on aurait ainsi un vivier extrêmement large de grimpeurs techniques, puissants et rompu à l'expérience du dossard.

Quoiqu’il en soit, la compétition n’est qu’une coquille vide pour l’avenir du dry-tooling.

Le mirage d'intégrer les Olympiades fut de courte durée, et le frugale espoir rapidement consommé. Visuellement, trop proche de l’escalade de compétition par le support et les prises utilisées, il n’y a pas de différence, donc pas d'intérêt, pour le grand public. Pour ceux qui connaisse un peu l’escalade sur glace, le nom est trompeur du fait qu’il n’y a simplement pas de glace !!!!

En s’éloignant de la glace, ce sport a perdu son âme.

Pour une fois, on ne peut imputer cela à une fédération. La faute au support, et à sa fragilité, qui évolue rapidement en fonction du nombre de compétiteurs. Le climat actuel et ses amplitudes thermiques trop brusques complique la vie des organisateurs pour garantir la réalisation de l’évènement.

La survie du dry passe, heureusement, par quelque chose de bien plus beau qu’une voie forée artificiellement ou 3 dossards de coupes du monde. Son coeur bat ailleurs, “là haut sur la montagne” comme le dit la chanson.

L’usage initial du dry-tooling était de rejoindre ou de connecter des lignes de glaces. C’est en cela qu’il offre de fantastiques options.

Les dernières voies dans la face de Gramusat (05) sont une démonstration de la porte qu’ouvre le dry car avec des hiver de plus en plus irréguliers, les voies, jadis totalement englacées de plusieurs longueurs n’ont que rarement le temps de se former. Avec le dry-tooling, plus de soucis ! En Norvège, sur l’île de Senja les dernières lignes ouvertes, notamment le “Finnmahnen” d’Inés Papert, le sont moyennant une longueur de dry qui donne accès à une belle coulée de glace.
En utilisant les fissures mythiques de Chamonix, c’est en rive gauche du glacier d’Argentiére que le Britannique Nick Bullock a proposé une belle liste de problème à résoudre “by fair mean”. Dans un secteur situé à 15 minutes d'un téléphérique. Il a ouvert des lignes courtes, moins de 100m, mais sans aucun équipement à demeure et surtout extrêmement technique. Il a eu la gentillesse de me laisser vierge un pan entier à exploiter, beaucoup plus raide mais tout aussi fissuré. Comme lui, j’opte pour un style propre, sans spit et avec un minimum de pitons en place. Ces secteurs restent encore peu fréquentés, clairement à cause du manque de spits rassurants, c’est tant mieux et ça doit le rester !
Si on monte d’un étage supplémentaire, le dry a fait exploser la pratique hivernale. Les répétitions du couloir Nord direct au Dru ou de sa voisine Lesueur sont régulières, la Rhem-Vimal au Droites, Les Barbares au Pré de Bar ou le pilier Goussault, s’ils n’en restent pas moins et à raison des monuments, deviennent envisageables sans une cargaison de matériel d’artif !
Ces lignes ont un point commun, elles sont quasiment peu pas voire peu équipé.

Ces voies sont le dernier terrain d’aventure du massif du Mont-Blanc.

Les voies d’été, à l’exception du Grand Pilier d’Angle, glissent lentement mais sûrement vers un équipement à demeure.

“By Fair mean”

- Refus des spits et usage de pitons uniquement quand la pose de coinceur n’est pas possible.

- Pourquoi ne pas aussi se limiter dans l’usage des remontés mécaniques, une face Nord de l’Aiguille du Midi depuis la vallée à largement plus de sens qu’un footing depuis la gare du Plan de l’Aiguille !

- Refuser l’usage de l'hélicoptère pour les tournages de films promotionnels pour les professionnels du ski et de l’alpinisme.

Je conclurais sur cette fameuse phrase en me permettant d'en modifier la conclusion :

“Le montagnard est un être qui va là où son esprit rêve d’aller et où son corps est capable de l’emmener”
(c) Petzl / Jonathan Griffith


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