Le rocher, on est tous d'accord c'est dément, c'est beau et évidemment on le respecte tous. Cependant, quand on y regarde de plus prés chaque amateur de déplacement vertical à "sa" vision de ce qu'est la ligne idéale et de comment la pratiquer. Actuellement, on peut distinguer 3 types d'évolution : L'escalade libre, l'artif et le dry tooling. La première, popularisée par Monsieur Edlinger, est la plus pratiquée. La seconde est un peu passée de mode, limite désuète. Néanmoins, elle est toujours bien présente, qualifiée un moment d'abîmer le rocher, l'artif se décline maintenant aussi en version "clean" ou hammerless comme disent les Américains. Le dry-tooling, la version BTP de l'escalade à main nue, la façon la plus efficace de ruiner du rocher en peu de temps. Du coup, les aficionados le pratiquent en terrain pourrie ou sur toute surface déversante délaissée des membres de Camptocamp qui, eux, détiennent le savoir et la bonne parole.
Croisé au "mode de déplacement", il y a le choix de la protection à utiliser. Là, le champ est plus restreint puisque seule 2 écoles s'affrontent. La protection à demeure engendrant une pratique quasi aseptisée et la protection à placer avec une notion de sécurité variable.
Un rapide calcul nous donne donc pas moins de 6 possibilités pour parcourir la ligne de nos rêves, et c'est là tout le problème. Qui donc à le moins tort dans l'histoire ?
Souvent, on entend dire que c'est la volonté de l'ouvreur qu'il faut respecter. D'autre jurent qu'une fissure ne doit pas être équipée de spit. Les plus extrémistes lancent des "actions commandos" menées au mépris de tous pour équiper (socle de la Directe Américaine, rappels du Super couloir au Tacul) ou déséquiper ( Ulla au Verdon, Crack-a-gogo à Cadarese).
Commençons par les puristes, amateur d'escalades traditionnelles ( ou sans spit). Pour eux, le problème vient de l'essence même de la pratique, et oui, pas de spit, pas de trace. Alors, comment "marquer" le territoire?
Pour cela la méthode " Annot" est excellente. Il faut COMMUNIQUER, montrer ce qui a été fait. Matériellement, le fait de spitter le relais est sûrement la chose la plus concrète envers le compulsif du ryobi. Éditer un topo, mettre des photos, des vidéos sur un site internet sont autant de témoignage des réalisations effectuées. Créer des rassemblements permet de démontrer l'engouement pour une pratique que les ânes bâtés à oeillère voudrait inexistante. Ces rassemblements sont l'occasion d'échanger, de proposer des initiations. On arrive là, à un point clef qu'est l'éducation des grimpeurs. Il faut faire comprendre au pratiquant body builder de SAE que se protéger sur des coinceurs n'est pas l'antichambre du suicide. On pose un point tout les 50cm si on veux ! Poser ses protecs dans une fissure évidente est plus sécu que regarder le prochain spit en maudissant l'ouvreur. Image souvent vue en montagne d'alpinistes qui se ruent sur le piton en place ou tombent sans vergogne sur un spit de diamètre 8 datant de 1984. Pour la majorité, un point en place est assimilé à un point béton, grave erreur.
Savoir poser correctement un camalot, c'est une technique supplémentaire à acquérir. Un peu comme le fort skieur qui ne comprendrait pas pourquoi il n'arrive pas à tenir plus de 2 secondes sur un snowboard!! Il faut apprendre à lire le rocher pour deviner la taille exacte du point à poser, trouver l'emplacement sans tirage. Gérer l'alchimie entre bétonnage et engagement. Maîtriser cet "art" n'est il pas plus jouissif que de compter le nombre de spits qui mène à la chaîne?
L'éducation du grimpeur passe aussi par l'apprentissage de l'humilité. Les cotations bradées des salles commerciales n'encouragent pas aller se faire rouster 3 niveaux plus bas ! Même pour un tradiste confirmé, à cotation égale, on n'attaque pas une fissure avec 15 camalots au baudrier dans le même état d'esprit qu'une voie aseptisée avec dégaines en places.
Arrive l'excuse du " c'est pas pour moi, c'est pour que les débutant puissent le faire ". Et là je m'énerve... Non, la soi disante sécurité ne peut pas tout cautionner. En nautisme, on ne passe pas de l'Optimiste à la transat en solitaire en 2 semaines! Et oui, il faut se dire que tout monde a un niveau max différent. Si tu n'y arrives pas, prend un guide ou fais la ligne d'a coté, point barre. Les grandes classiques doivent garder leur cachet et leur authenticité. Trop facile de dire, on spitte et les tradistes passent sans voir les points. A ce compte là, c'est le début du n'importe quoi : on jette des points tout les mètres et on clippe ceux que l'on veut. J'ai adoré grimper à Orpierre et ses voies suréquipées mais imaginez la gueule de Céuze ou du Wenden. Grimpant récemment sur le site de Cadarese (Italie), j'ai pu constater qu'une voie avait été équipé pas moins de 2 fois, chaque équipement ayant subi dans la foulée un déséquipement complet. Au final, c'est le rocher et lui seul qui conservera éternellement les stigmates de cette débilité.
Quid du massif du Mont-Blanc et de son granit qui se prête à merveille au jeu du coinceur? On se pose là sur le terrain de l'alpinisme donc à priori du terrain d'aventure. En majorité, les ouvreurs respectent la donne et le spit est utilisé à minima. Quelques suréquipements, comme le spliter magique des "Intouchables" au trident du tacul, ont été rapidement modifié pour le plus grand plaisir de tous ceux qui l'on parcouru. La fissure de "l'Enfer du décor" au sommet de l'aiguille du Midi a récemment subit le même sort ! Anecdotique, mais tellement vilain : le spit à la fin du dièdre de "Ma Dalton".
Personnellement, je ne suis aussi intégriste que nos amis d'Outre-Manche, la perspective de finir cratériser entre 2 blocs ne m'excite pas du tout...mais je respecte le caillou. Récemment encore à Annot, j'ai préfèré ne pas me lancer dans certaines voies jugée trop engagée à mon gout( en fait plutot à mon niveau) plutôt que d'essayer de justifier d'un éventuel rajout de spit.
Passont à l'artif, c'est sûr que pour certains doués, les lignes sont libérables mais cela doit se faire en respectant l'équipement originel et en tous cas pas en rajoutant des protections fixes!! Pourquoi les amateurs d'artif devraient-ils voir leurs terrain de jeu réduit à des longueurs d'A2? Et oui, il suffit d'1 ou 2 spits dans une longueur d'artif pour que la cote diminue de façon exponentielle. L'image est la même pour le grimpeur qui n'arrive pas à négocier un pas de bloc au départ d'une longueur magnifique. Un coup de perfo pour tailler une prise et ça joue, c'est pas gênant, les forts n'auront qu'à faire sans! Dans cette configuration, on peut juste parler de respect entre les divers pratiquants!
Arrive le dry, l'arme ultime de l'alpiniste. La solution pour passer en libre des itinéraires de haute-montagne qui ne s'envisageait précédemment qu'en artif et sur plusieurs jours. Ma pratique dans ce domaine reste intraitable. Pas de spit au relais (un minimum de pitons dans les longueurs) et tant pis si la fréquentation de la rive gauche d'Argentiére s'en ressent... L'alpinisme est trop exceptionnel pour souffrir de ce genre de concession.
Je terminerais par ce petit jeu qui désormais guide chacune de mes incursions en montagne : mousquetonner le minimum de points fixes, souvent avec un peu de recherche ou en bricollant des couplages de coinceurs, les longueur se négocient sans plus d'engagement...contre partie, je fais pas péter les chrono dans les voies!
Je terminerais par cette règle simple que tout ouvreur devrait se poser (s'imposer?) avant d'agir :
1- Est ce que cette ligne passe en libre clean ? Oui, alors je laisse les goujons à la maison. Sinon...
2- Est ce que cette voie passe en dry clean ou artif clean ? Oui, alors je laisse (encore) les goujons à la maison.
3- Je spite la longueur de mes réves pour en faire d'abord....
4- une belle longueur de varappe à main nue et j'engueule les crétins qui n'y brosseront pas les prises ou ne retireront pas leurs tickets! Mais si c'est un cairn vertical qui s'effrite juste en le regardant alors "yes", on peut facilement en faire...
5- Une longueur de dry ou d'artif, les 2 cohabitant, à mon sens, sans souci.
Croisé au "mode de déplacement", il y a le choix de la protection à utiliser. Là, le champ est plus restreint puisque seule 2 écoles s'affrontent. La protection à demeure engendrant une pratique quasi aseptisée et la protection à placer avec une notion de sécurité variable.
Un rapide calcul nous donne donc pas moins de 6 possibilités pour parcourir la ligne de nos rêves, et c'est là tout le problème. Qui donc à le moins tort dans l'histoire ?
Souvent, on entend dire que c'est la volonté de l'ouvreur qu'il faut respecter. D'autre jurent qu'une fissure ne doit pas être équipée de spit. Les plus extrémistes lancent des "actions commandos" menées au mépris de tous pour équiper (socle de la Directe Américaine, rappels du Super couloir au Tacul) ou déséquiper ( Ulla au Verdon, Crack-a-gogo à Cadarese).
Commençons par les puristes, amateur d'escalades traditionnelles ( ou sans spit). Pour eux, le problème vient de l'essence même de la pratique, et oui, pas de spit, pas de trace. Alors, comment "marquer" le territoire?
Pour cela la méthode " Annot" est excellente. Il faut COMMUNIQUER, montrer ce qui a été fait. Matériellement, le fait de spitter le relais est sûrement la chose la plus concrète envers le compulsif du ryobi. Éditer un topo, mettre des photos, des vidéos sur un site internet sont autant de témoignage des réalisations effectuées. Créer des rassemblements permet de démontrer l'engouement pour une pratique que les ânes bâtés à oeillère voudrait inexistante. Ces rassemblements sont l'occasion d'échanger, de proposer des initiations. On arrive là, à un point clef qu'est l'éducation des grimpeurs. Il faut faire comprendre au pratiquant body builder de SAE que se protéger sur des coinceurs n'est pas l'antichambre du suicide. On pose un point tout les 50cm si on veux ! Poser ses protecs dans une fissure évidente est plus sécu que regarder le prochain spit en maudissant l'ouvreur. Image souvent vue en montagne d'alpinistes qui se ruent sur le piton en place ou tombent sans vergogne sur un spit de diamètre 8 datant de 1984. Pour la majorité, un point en place est assimilé à un point béton, grave erreur.
Savoir poser correctement un camalot, c'est une technique supplémentaire à acquérir. Un peu comme le fort skieur qui ne comprendrait pas pourquoi il n'arrive pas à tenir plus de 2 secondes sur un snowboard!! Il faut apprendre à lire le rocher pour deviner la taille exacte du point à poser, trouver l'emplacement sans tirage. Gérer l'alchimie entre bétonnage et engagement. Maîtriser cet "art" n'est il pas plus jouissif que de compter le nombre de spits qui mène à la chaîne?
L'éducation du grimpeur passe aussi par l'apprentissage de l'humilité. Les cotations bradées des salles commerciales n'encouragent pas aller se faire rouster 3 niveaux plus bas ! Même pour un tradiste confirmé, à cotation égale, on n'attaque pas une fissure avec 15 camalots au baudrier dans le même état d'esprit qu'une voie aseptisée avec dégaines en places.
Arrive l'excuse du " c'est pas pour moi, c'est pour que les débutant puissent le faire ". Et là je m'énerve... Non, la soi disante sécurité ne peut pas tout cautionner. En nautisme, on ne passe pas de l'Optimiste à la transat en solitaire en 2 semaines! Et oui, il faut se dire que tout monde a un niveau max différent. Si tu n'y arrives pas, prend un guide ou fais la ligne d'a coté, point barre. Les grandes classiques doivent garder leur cachet et leur authenticité. Trop facile de dire, on spitte et les tradistes passent sans voir les points. A ce compte là, c'est le début du n'importe quoi : on jette des points tout les mètres et on clippe ceux que l'on veut. J'ai adoré grimper à Orpierre et ses voies suréquipées mais imaginez la gueule de Céuze ou du Wenden. Grimpant récemment sur le site de Cadarese (Italie), j'ai pu constater qu'une voie avait été équipé pas moins de 2 fois, chaque équipement ayant subi dans la foulée un déséquipement complet. Au final, c'est le rocher et lui seul qui conservera éternellement les stigmates de cette débilité.
Quid du massif du Mont-Blanc et de son granit qui se prête à merveille au jeu du coinceur? On se pose là sur le terrain de l'alpinisme donc à priori du terrain d'aventure. En majorité, les ouvreurs respectent la donne et le spit est utilisé à minima. Quelques suréquipements, comme le spliter magique des "Intouchables" au trident du tacul, ont été rapidement modifié pour le plus grand plaisir de tous ceux qui l'on parcouru. La fissure de "l'Enfer du décor" au sommet de l'aiguille du Midi a récemment subit le même sort ! Anecdotique, mais tellement vilain : le spit à la fin du dièdre de "Ma Dalton".
Personnellement, je ne suis aussi intégriste que nos amis d'Outre-Manche, la perspective de finir cratériser entre 2 blocs ne m'excite pas du tout...mais je respecte le caillou. Récemment encore à Annot, j'ai préfèré ne pas me lancer dans certaines voies jugée trop engagée à mon gout( en fait plutot à mon niveau) plutôt que d'essayer de justifier d'un éventuel rajout de spit.
Sûr que remplacer ce spit par un camalot ne sera pas trop compliqué!!!! |
Passont à l'artif, c'est sûr que pour certains doués, les lignes sont libérables mais cela doit se faire en respectant l'équipement originel et en tous cas pas en rajoutant des protections fixes!! Pourquoi les amateurs d'artif devraient-ils voir leurs terrain de jeu réduit à des longueurs d'A2? Et oui, il suffit d'1 ou 2 spits dans une longueur d'artif pour que la cote diminue de façon exponentielle. L'image est la même pour le grimpeur qui n'arrive pas à négocier un pas de bloc au départ d'une longueur magnifique. Un coup de perfo pour tailler une prise et ça joue, c'est pas gênant, les forts n'auront qu'à faire sans! Dans cette configuration, on peut juste parler de respect entre les divers pratiquants!
Arrive le dry, l'arme ultime de l'alpiniste. La solution pour passer en libre des itinéraires de haute-montagne qui ne s'envisageait précédemment qu'en artif et sur plusieurs jours. Ma pratique dans ce domaine reste intraitable. Pas de spit au relais (un minimum de pitons dans les longueurs) et tant pis si la fréquentation de la rive gauche d'Argentiére s'en ressent... L'alpinisme est trop exceptionnel pour souffrir de ce genre de concession.
Je terminerais par ce petit jeu qui désormais guide chacune de mes incursions en montagne : mousquetonner le minimum de points fixes, souvent avec un peu de recherche ou en bricollant des couplages de coinceurs, les longueur se négocient sans plus d'engagement...contre partie, je fais pas péter les chrono dans les voies!
Comme quoi le trad ne rime pas avec engagement! |
Je terminerais par cette règle simple que tout ouvreur devrait se poser (s'imposer?) avant d'agir :
1- Est ce que cette ligne passe en libre clean ? Oui, alors je laisse les goujons à la maison. Sinon...
2- Est ce que cette voie passe en dry clean ou artif clean ? Oui, alors je laisse (encore) les goujons à la maison.
3- Je spite la longueur de mes réves pour en faire d'abord....
4- une belle longueur de varappe à main nue et j'engueule les crétins qui n'y brosseront pas les prises ou ne retireront pas leurs tickets! Mais si c'est un cairn vertical qui s'effrite juste en le regardant alors "yes", on peut facilement en faire...
5- Une longueur de dry ou d'artif, les 2 cohabitant, à mon sens, sans souci.