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Mixte climb, Rive Gauche d'Argentière, Vérification de la loi de Newton.

C'est sûr les 3 lignes évidentes (Flame, El Drago et Storm) ont été ouvertes l'an passé, mais comme toujours il reste de la nouveauté, il suffit juste de regarder un peu mieux...ou de s'en convaincre. Armé, comme toujours, de nos 2 gros jeu de camalots, nous voilà, une fois de plus au pied du mur. Je montre l'itinéraire à Korra : une partie facile pour mener à une fissure raide, une vire, un contournement en 2 et éventuellement un coup de cul raide en dernière partie. Je dis "se sera surement la vois la plus facile", il dit "ok", je dis "ben ouaih", il s'encorde, je l'assure, bref , on  a pris la décision d'ouvrir la voie la plus facile du secteur. Ouaihhh, c'est ça qu'est bon avec ce type : pas trop de tergiversation, un maximum de d'action !
D'entrée, l'épaisseur de neige apparaît comme un problème, sans consistance et sans couche de glace sous-jacente, le granit lisse vient rapidement raclé sur les crampons. Une fissure salvatrice permet au Korra de surmonter un petit ressaut.

first moov

C'est pas la Patagonie mais y a quand même des champis .


Et ça nettoie.

Le deuxième ressaut est strié par une fissure diagonale, son sommet est coiffé d'une petite plaque de glace. L'affaire s'annonce bien. Rapidement, il ancre dans la glace...sauf qu'elle est pas vraiment épaisse, plutôt genre cache misère et mécaniquement peu résistante.


Pas dépité pour autant, il poursuit et...Paf le Korra vient se cratériser à coté de moi.

 Une chute de 10 mètres avec un joli rebond sur un caillou lui coûte un arrachement musculaire à l'épaule. Mi-ravi, mi dégoûté je me rend compte que je vais devoir continuer seul en tête. Je reprends la même attaque, mais traverse prudemment à gauche, par une vire pour rejoindre  "Storm Pegasus". Après 5 mètres en commun, je pose un relais.

Vue de R1

 Une vire à droite permet d'aller chercher la fissure visée initialement. C'est franc et bien raide comme on les aime ici. La suite est toujours soutenue et reste encore très raide. La fissure se bouche et  une autre apparaît meilleure 2 mètres à droite. Une banquette de 10 cm de large semble donner un accès facile...sauf qu'il y a zéro  pied et que fatalement mes lames zipperont 3 fois coup sur coup, éjectées de ce mauvais plat! Finalement, la solution s'avère extrêmement simple. Partir du bord gauche, faire penduler le piolet pour pouvoir dynamiser dans l'autre fissure...et se recoller un balan au moment du désancrage du piolet gauche.

Attaque L2



 Là, un délicat réta permet de se rendre compte de l'impossibilité de se protéger, dommage. Quelques mouvements tout en douceur permette d'atteindre une excellente fissure transverse. Bon ancrage, bonne protection : baisse de la pression.


 2 mètres de plus et une belle vire m'accueille pour poser un relais avec un piolet en inversé et un autre vaguement enfoncé. La suite n'est pas très claire soit un réta direct au-dessus du relais mais sans possibilité de protection , soit se remettre dans la petite fissure à gauche.
Tentative de départ dans L3.

 Remarquez le relais.

 Mon choix se porte suer la 2ème solution, je lutte un moment jusqu'à la chute, retour au relais pour l'option 1. Délicatement, j’atteins une belle vire. Pour une fois, je ne suis pas tombé et surtout je n'ai pas passoirisé korra.
 2 micro stopper rallongés d'une sangle de 240cm permettent d'aller chercher à gauche un dièdre gavé d'excellents pieds mais totalement dépourvu de bon ancrage de piolet et d'emplacement de protection ! Après 2 mètres, je réussis à trouver une petite fissure. Je martelle ma pioche en  protection et m'en fait passer une autre. Encore 2/3 mètres engagés et je réussis à caler 3 C3 couplés car il ne me mette pas franchement en confiance !
Encore 2 mètres et c'est le but.
  Un petit coup de cul et l'affaire sera dans le sac. Une nouvelle fois, c'est la désillusion, les fissures sont bouchés et les mottes pas assez denses pour permettre l'ancrage. Après 2 flys, je sors la fermeture pour quicher une petite prise, ça tient, Yessss. A ce moment là, la prise du bas casse et que mes pieds zippent, j'ai juste quelques secondes pour me dire que mon avenir est vraiment précaire. ..et je repars vérifier  la tenue du couplage. On est à nuit moins 1/2 heure et la perspective de tracer cette nouvelle ligne se trouve bien compromise. Un pendule à gauche et me revoilà dans "Storm". Quand Korra me rejoint, il fait nuit noire. Dernière longueur à la frontale. L'aventure à 100 mètres des pistes, c'est aussi ça la rive gauche! C'est clair, prochain jour de beau et la ligne aboutira au top par une sortie indépendante, pour l'attaque c'est moins sûr ????

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