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Photo pourrie, sorry.
Le Pilier du Brouillard est le pilier rouge marqué à gauche |
Tout le monde le sait, l'été est la saison la courte à Chamonix. Bien que ma liste de projets estival soit restreinte, il existe toujours des moyens de l'alimenter. L'an dernier, ça avait été gavage de fissures mais cette année avec une grosse tendinite au poignet, il faut trouver autre chose. En ce moment, la mode est à la course sur sentier, les experts politico-économiques Chamoniards, bien meilleurs en création de profit qu'en gestion de crise l'ont vite compris (
cf l'explication un peu simpliste de l'
avalanche du Maudit ou l’arrêté d'interdiction de Wingsuit du Brévent sortit d'un chapeau. Mais bon, comme d'habitude, il est plus facile de museler les pratiques minoritaires que les grosses structures). La multiplication de trail au prix d'inscription exorbitants me fait hurler. Les runneurs disent qu'ils aiment la montagne mais on besoin de se retrouver à 400 avec un chrono pour l'apprécier....Passons.
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Le regard du mec "ki n'en veut" |
Malgré ces facettes gerbantes, j'ai un énorme respect pour ces types que je viens voir arriver chaque année. L'état de délabrement physique des derniers m'a toujours interrogé, comment font-ils pour tenir aussi longtemps ? Est-ce que moi, je pourrais le faire ? N'ayant pas acheté une paire de baskets depuis 20 ans, je me vois mal partir courir autour du Mont-Blanc en Van's. Reste les UCMB (UltraClimb du Mont-Blanc), le principe de mêler alpinisme et gros dénivelés pourrait animer la saison. Je sais, ça fait bien longtemps que les alpinistes se mettent des pires doses en montagne mais plutôt que de le lire dans Vertical, pourquoi ne pas le vivre? C'est une évidence mais faire une course en sautant la nuit incrémente rapidement le niveau de fatigue. Il faut puiser profondément dans ses ressources physiques et mentales. Si le corps peut faire des pauses à certains (courts) moments, le cerveau doit toujours fonctionner et entretenir un état de vigilance maximal. Comme, je l'abordais dans le post précédent sur Peuterey la réflexion sur l'habillement et l'alimentation est tout aussi primordiale.
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Le bateau de la Noire croise au loin. |
Arrivé jeudi dernier totalement ruiné dans la vallée après les 35h de l'Intégrale, je m’octroie 4 jours de breack mais le beau temps persistant, il est difficile de s'inventer des excuses. Si j'ai fais la directissime au pilier du Brouillard il y a 15 ans, je ne suis pas allé au sommet du Mont-Blanc par l’arête. Malheureusement en bon athlète, je me rate dans la phase de récupération. Seulement 2 nuits complètes car le dimanche un apéro qui dure ne me laisse que 5 heures de sommeil. Fortement déshydraté et avec un gros mal de tête, je me rends compte au réveil du lundi matin que le départ est prévu la nuit prochaine!!!!!! Ce n'est pas avec une journée de boulot que je vais me reposer. Tant pis faudra faire avec. 2 heures de sommeil de 9 à 11 le lundi et c'est partit. Parking à minuit, y a plus qu'a. Le jeune et multi-talentueux Eric Jamet a bien accepté d'accompagner le vieillard que je suis. Il part comme un âne et je le suis comme un con. Mes jambes me font remarquer que mettre une heure et demi pour monter à Monzino n'est pas très judicieux en vue du reste de la journée. A 5 heures, on attaque. Eric tente de me traquenarder en voulant faire une attaque dans un dièdre un peu trop lisse à mon gout. Au dernier moment, un sursaut d'intelligence me pousse à faire 50 mètres de plus. Je suis récompensé par une petite goulotte qui, elle, mène facilement sur l’arête.
La voie peut commencer. Le rocher est vraiment magnifique, fissures et prises d'excellentes qualités et toujours franches.
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Ambiance verglas dans la première longueur. |
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Eric, l'homme qui monte plus vite que le soleil. |
Les relais sur 3 gros goujons dénotent un peu dans cette ambiance haute-montagne mais il faut bien que les guides locaux vivent. Bonatti aurait surement apprécié l'exploitation mercantile de son itinéraire. Je reconnais qu'étant fonctionnaire, la critique est facile mais néanmoins, un seul goujon et 2 bons pitons n'auraient ils pas suffit à sécuriser le retour en rappel ? Quoiqu'il en soit l'ascension est merveilleuse et le lever de soleil majestueux. Eric mène un train d'enfer et en 4 heures on est au sommet des difficultés.
La suite sera dans le registre de la progression en terrain instable. Heureusement, ce n'est pas très raide et tiens plus du cheminement astucieux sur vires.
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Une cordée de 100 % filles engagée dans l’arête. |
L'arrivé sur l’arête fait à la fois plaisir et ...pas plaisir. Fin des difficultés mais le Mont-Blanc n'est pas encore là. Le parcours est heureusement suffisamment varié et l'escalade suffisamment délicate pour requérir une concentration maximale, le temps passe plus vite.
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La 2éme partie du pilier |
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ça monte et ça descend ! |
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Encore un p'tit bout de chemin. |
Le vent s'est levé et l'amplitude thermique de chaque coté de l’arête est saisissant. Hiver / été à 2 mètres d'intervalle !
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Zi end est proche. |
A 13h30, on est au sommet du toit de la France. Les rafales de vent nous pousse en bas sans trop de pause. Motivé par des horaires de bennes tardifs et l'idée d'une bonne douche, on chopera la benne de 18h.
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Y a pas à dire, j'suis en canne en ce moment !!! |