Fin d'hiver 2012, une semaine après avoir réalisé l'ascension de la directe Tchèque en face Nord du Petit Dru, je pars tenter l'ascension d'un itinéraire situé quelques centaines de mètres sur sa droite : la voie des Guides. Grosso modo, la voie se situe entre les voies des Parisiens "Lesueur" et "Allain".
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La face N du Petit Dru, vue du 28/10 |
Comme d'hab dans les projets qui malheureusement me motive, il n'y a que peu (pas) d'infos sur les répétitions récentes éventuelles. Un croquis et un littéral d'un Vallot hors d'âge ainsi que des tracés tous différents les uns des autres ne nous éclairent pas trop. Lancé dans une dynamique positive, je tente l'aventure avec David Autheman. Approche tranquille à ski et attaque à la mi-journée. Le départ est commun avec la voie de l'inventeur du chausson Bleausard.
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Les tous premiers mètres... |
Les quantités de neige accumulées nous freinent mais bon, on avance tranquille. 3 longueurs dans le premier bastion et nous bivouaquons sur une terrasse confortable.
Le lendemain est aussi vraiment tranquille car après deux longueurs, je bute sous un dièdre où se tiennent en dangereux équilibre deux bouchons de neige énormes. Rappels, maison et en prime une tendinite au poignet qui va se prendre d'affection pour moi. L'hiver se termine et les conditions propices disparaissent.
Octobre 2012, après notre double coup de bol des semaines précédentes et un foehn un peu trop insistant, le projet des Drus refait surface. Deux énigmes sont toujours présentes : où passez en bas et...où passez en haut. Le topo est toujours le même mais la montagne? Car s'il y en a une qui est célèbre pour ses modifications, c'est bien le Dru. Lancé dans une dynamique positive avec le Korra, nous voilà repartit. Il faut dire que le gaillard tient une forme exceptionnelle en ce moment. Doublé d'un moral de warrior, rien ne lui résiste.
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Korra le sourcier |
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Ma chérie a raison, le rangement c'est pas mon truc! |
A 4 heures ce mercredi matin, le compte à rebours de l'exécution de la voie des Guides est lancé. La remontée du couloir d'attaque de la voie Allain est faite au pas de course et la rampe en neige qui s'en suit est parcourue à la même cadence. On aurait dû arriver au jour mais c'est à la nuit noire que l'on attaque le ressaut.
Un premier dièdre en neige pulvérulente me résiste, Korra profite de son élan pour passer en force mais fini en saucissonnant deux mètres en dessous de moi.
En éclairant un peu à droite, une option plus simple nous remet dans le rythme. Décalé plus à gauche que l'hiver précédent, nous pouvons observer les deux autres dièdres parallèles qui nous surplombe. Les photos prises la veille semblent indiquer un placage un peu plus haut, nous décidons donc d'attaquer le dièdre du milieu. Une large fissure englacée de 4/5 mètres suivi d'un raide et long placage sera la clé du chemin qui mène à la fameuse Niche des Drus. Je m'y colle mais rapidement, genre 20 cm après avoir commencé l'histoire se complique. La glace est trop aérée pour être grimpé et casse dés que je tire sur les piolets. Avec l'aide des deux gros cam, je monte en artif pour nettoyer la fissure. J'ancre dans le placage, me pend sur les engins...et casse le bas de la langue de glace. Retour à coté de mon Korra. Changement de leader. Grace (un peu) au nettoyage et (beaucoup) à son physique, il enchaîne le bas mais tombe juste avant la glace. Il repart, va chercher un peu plus haut que mon essai précédent. La glace résiste bien et lui permet de se rétablir. S'en suive 20 mètres bien psychologiques en glace fine et protection inexistante. Respect.
Au-dessus, le jeu se calme et nous remontons facilement une niche en condition optimale. Quelle bonheur de grimper cette pente de neige tant de fois observé.
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On a marché dans la niche!!!!!! |
Le morceau suivant est aussi d'anthologie, c'est la grande faille qui borde le flanc gauche de cette fameuse niche. On s'attendait à un dièdre profond et fermé, c'est en fait un dièdre parfait et même plutôt ouvert!!! Cerise sur le gâteau, il est tapissé d'une couche de glace. Grand seigneur, mon partenaire me laisse la chance de faire la première longueur. 55 mètres raides puis très raides, difficile à bien protéger. Dommage pour moi, je ne trouve qu'un seul piton et après seulement un mètre de grimpe...
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L'attaque du grand dièdre. |
La longueur suivante est moins caractéristique mais extrêmement technique. Grimpe à la main, total dry et fin mixte : un "must".
Nous débouchons sur du moins raide dans une magnifique goulotte gavée de glace.
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Torrent de glace après le dièdre |
La zone de la deuxième interrogation est à porté de main. Caractérisée par une zone de surplombs rouges, elle semble extrêmement complexe. Le topo parle d'une traversée 15 mètres à gauche...qui ne mène nul part. Nous partons droit au-dessus vers une zone plus fracturée.
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Connexion avec la directissime Gabarrou / Long |
Encore une longueur ultra raide (Gabarrou-Long?), puis le néant. Korra met les chaussons mais garde les piolets. Il traverse par une fissure inversée puis monte droit dans un mur improbable. Au taquet, il jette un stopper qui ne semble pas excellent à l'entendre en parler. On est à nuit moins 1/2 heure et le sommet est à moins de 100 mètres, les deux seules options entrevues ont été exploré et la perspective d'un bivouac ne nous laisse rien augurer de mieux pour le lendemain...Il est alors difficile à décrire les sentiments qui se mêle quand on doit appeler le PGHM à la rescousse. Personnellement Alexis Long était mon deuxième mentor, pour lui j'aurais vraiment voulu faire mieux.
De retour dans la vallée, je consulte le topo de la Directissime. Triste confirmation, on était en plein dedans et les grosses difficultés semblaient avoir été franchies.... Malgré notre récup par hélico avant la fin, cette combinaison semble la plus évidente. DONC, ami (e)s répétiteurs n'oubliez pas le topo de la G/L !
Conclusion : Voie des Guides : 1 / Korra-Jeff : 0