Deux semaines pile poil après "Dry Hard", nous voilà de retour dans le secteur. Ce coup-ci, c'est sur une idée géniale (mais en a-t-il des mauvaises?) de Julien Désécures. Une semaine auparavant, il m'avait envoyé une photo de topo sur mon portable. Le tracé ne parle pas trop mais l'explication littérale est alléchante " très belle escalade, surtout artificielle de 550 m et plusieurs passages de VI, A2, A3". Le bougre, il connait les arguments pour me convaincre! Un SMS plus tard, l'affaire est conclue.
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Le Peigne, c'est la montagne de droite avec l'aréte horizontale au sommet.
Vue du pied, c'est haut et ça fait pas rire ! |
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La partie sommitale, le dièdre est au centre de la photo |
Coup de chance, le créneau météo de beau temps est calqué sur mon planning de travail et la flexibilité de mes collègues... La stratégie employée 2 semaines avant ayant bien fonctionné on récidive. Repérage, fixage la veille et assaut le lendemain. La petite modif sera sur la nuit au lieu de lire "lyophilisé dégueu / nuit glaciale", lire "repas de communion / nuit en lit avec couette". Et encore, on aurait même pu prendre une douche chaude mais on a su s'imposer une éthique de rusticité dans ce monde de confort!!!!
Réveil à 3.45, les stats sont remontées péniblement, on arrive quasiment à 8h en haut des 180m. Il faut dire que nous sommes 4 et seulement 2 paires de jumar. En plus de Julien, Korra fait forcément parti du voyage et Mister Jonathan Griffith vient complété le lot des personnes avec qui j'adore pratiquer l'alpinisme... ou boire des bières.
La veille, nous avions remonté le couloir situé juste à droite de "Pèlerinage" pour fixer jusqu'au point de départ de la ligne supposée.
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L1 |
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Jon et son joujou favori (pas Korra, son appareil!) |
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Le bas est suffisamment large pour grimper de front, ça sert à rien mais c'est ça qu'est bien! |
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L3, petit passage resserré en excellente neige dure. |
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On fixe les cordes et on va manger! |
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Juju vient de voir l'itinéraire du lendemain, le résultat fait plaisir à voir. |
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C'est évident, isn't it! |
Dans ce genre de situation, le topo ne sert pas à grand chose, il suffit se laisser guider par la consistance des placages de neige.
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Les placages, c'est bien mais ça manque de protections... |
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La longueur suivante se protégera largement mieux. Cool, elle sera pour moi. |
Nous visons un dièdre évident sur deux longueurs. Vu d'en bas, il n'y a aucune certitude que ça passe après : une épaisseur de neige trop fine ou une bonne dalle et c'est le but garanti. Un échappatoire "facile" à gauche du dièdre semble possible mais bon, dans ce genre de configuration, ce mot ne nous plait guère. On monte et on verra sur place. Le dièdre est a lui seule un joli morceau, la première partie est une sorte d'entaille qui permet une progression en calage relatif.
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Vue d'en bas, c'est plat... |
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Vue d'en haut............ |
La deuxième partie est plus classique, malheureusement sans calage relatif!!!!
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Le problème avec Jon, c'est qu'il est constamment en état de stress. |
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Les mêmes mais d'en haut !! |
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La perfection : la goulotte et de quoi faire le relais juste à coté! |
Les longueurs suivantes sont toujours soutenues, genre M6 / 85° max. La qualité des placages et de certaines protections engage à une progression "sur des oeufs". Au final, 14 longueurs depuis la rimaye. Les 4 premières faciles et une seule sur les 9 suivantes qui déroule vraiment. Mention spécial pour le dry de sortie!
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Un p'tit peu de dry pour le plaisir |
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Ça continue. Début de longueur... |
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...et arrivé sous le relais |
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Le stress n'est pas toujours facile à gérer dans ces faces nord austères |
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Des fois,on rigolait pas ! |
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last pitch |
On débouche au sommet du Peigne à la tombée de la nuit et en plein vent.
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Merci Monsieur Désécure, Quelle intuition! |
Le retour pas la voie normale en condition hivernal restera un grand moment. Cette descente par un versant différent donne vraiment un cachet supplémentaire et 3 heures d'efforts supplémentaires. Le souvenir de la nuit confortable de la veille nous décourage définitivement du retour direct sur Cham'. A nous les lits douillets du Refuge du Plan!
Comme précédemment, nous rebaptisons la voie "Full love" en hommage aux ouvreurs James Fullelove et Brian Robertson de la voie directe Britannique (19 et 20 août 1967). Je sais, on s'est pas cassé....
Matos : 2 jeu de 000 à 2 +3 et 4 en simple, 1 broche, corde de 60
Conseil : si vous ne connaissez pas la descente, ne la négligez pas.