Mes 2 séances pitoyables à l'Usine m'ont convaincu de passer la seconde dans le domaine du piolet traction. Je profite d'une semaine de dispo "travail / famille" pour m'exiler vers les terres inhospitalières du 05. Au péril de ma vie de Haut-Savoyard, je franchi le col du Lautaret à reculons, me méfiant des sournois habitants qui peuple, de ci de là, les quelques hameaux de la vallée. Bien caché au fond d'un camion immatriculé localement, je dupe aisément le regard suspicieux des commères au aguets. Le séjour peut commencer !!!!!!
Jonathan Joly me propose d'aller essayer une voie multi pitch qu'il a équipé ce Printemps en compagnie de Fred Degoulet. Le topo est plutôt cool et parcourir une grande voie dry est une opportunité rare. Je suis motivé à fond pour tenter la croix ultime.
L'approche est digne d'un Indiana Jones en Amazonie mais se résume en un bon échauffement cardiaque, exactement ce qu'il nous faut pour affronter les 250 mètres bien raides qui nous attendent. Math attaque L1, un D5 court et pas du tout physique.
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L1 |
L2 est dans un beau mur gris légèrement déversant coté D9.
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L2 |
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R2 |
A peine chaud des bras, la transition est difficile, chaque pas se mérite et ces cochons d'équipeurs ont forés des trous plutôt éloignés les uns des autres. La voie a été trés peu parcourue, 3 fois en fait, et du coup les pieds sont trés peu marqués. Il faut les découvrir avant de lancer chaque moov'. Mon regard fatigué de quarantenaire associé à un cerveau sans pentium engendre un temps de parcours frisant plus les temps d'un marathon que ceux d'un sprint... Mes 2 compagnons d'infortune comprennent rapidement qu'ils ne sont pas prêt d'arriver sur le plateau. Jon a bien envie de faire des photos qui déchire et sa stratégie est la suivante : je lead la longueur en tirant la stat, arrivé au relais , je descends, il monte , je regrimpe, Math monte à son tour. Arrivé à R2, je sens que le plan va être difficile à suivre. Globalement, je suis absolument incapable de faire 10 longueurs pour le prix de 5! Jamais prit au dépourvu, il me sors la Go Pro et au moins on aura des images. Je ne suis pas du tout fan de ce truc qui nécessite un cou de taureau qui plus est quand le dévers est marqué. Heureusement son étourderie légendaire lui a fait oublier qu'un accu ça se recharge. La caméra finit rapidement au fond du sac, il me restera quand même la stat à tirer.
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L3 |
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R3 |
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L3 |
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L4 |
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R4 |
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L5 |
Les longueurs s'enchainent lentement, quasiment chaque mouvement est un nouveau problème à résoudre. En employant un language de coueneux, je peux dire que je parcours L2, L3 et L4 à vue, je dis coueneux car comme tout bon à-vue de notre époque cela sous entend avec les prises largement marquées, je fais une entorse à ce discours de plus en plus fourbe en posant les dégaines. Car évidemment, à vue les prises sont marquées et les dégaines en place! Je craque malheureusement à l'antépénultième spit, le dernier ventre ayant fait fondre mes dernières ressources. Cette voie est vraiment intéressante, déjà parce que c'est la seule dans la catégorie grande voie. Elle est hyper exigeante car il faut s'économiser si on veut voir le sommet autrement qu'en A1. Bref, j'ai ADORÉ, merci Messieurs les ouvreurs vous avez fait du sacré bon boulot. Respect aussi car équipé une grande voie dans ce style est tout sauf facile.
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Non, on n'a pas fini à la nuit ! |
Le lendemain, on se fait une petite journée dans "secret spot". Pas parce que c'es secret mais parce qu'on y grimpe au soleil et que ça, c'est vraiment bien. Il y a quelques années Jon y avait équipé quelques longueurs. Au final, malgré une faible hauteur, 20m, le dévers et les mouvements athlétiques laissent présager 2 projets magnifiques.
Conseils pour la grande voie : prévoir environ 5/6 heures, 10/12 dégaines pour les 4 premières longueurs, 15 pour la dernière. Corde de 50 mètres suffisantes . Ne pas associer les 9 d'ici à ceux du Zoo par exemple. L1 : D5, L2/3/4/5 : D9