Si la Grande-Bretagne est réputée pour le rugby, le cricket, le hockey sur gazon et les courses de lévriers, les activités verticales y sont loin d'étre nominées. Pourtant cette île (fortement) arrosée et (extrêmement) verdoyante est un véritable réservoir de l'alpinisme mondial, il faut comprendre qu'après avoir passé leur jeunesse à avaler des haricots blancs au p'tit déj pour aller ensuite racler des talus mal verglacés dans le brouillard, les gars rêvent de partir loin. Et si, à cause de leur foutu conduite du mauvais coté, ils ne finissent pas sur le capot de la voiture d'en face en passant le premier rond-point, leurs carrières sont toujours exceptionnelles !!! Des années à manger des fish'n chips ou de la purée de petits pois jamais accompagnés de succulents desserts les ont rendu durs au mal et toujours de bonne humeur. De véritables qualités pour l'alpiniste qui veut aller plus loin...que la liste de course du probatoire. Il est certain que pour créer un circuit de dry tooling indoor qui fonctionne à merveille depuis une dizaine d'années, il faut surtout éviter de se prendre au sérieux. Imaginez, faire du bloc en crampons/chaussons, remonter une chaîne métallique sur 10 m ou essayer d'évoluer dans une voie où volontairement les prises tournent. Le pire, c'est que les gérants des salles paient des ouvreurs pour préparer tout ça!!!! Il serait urgent que la FFME aille leur expliquer comment il FAUT (rien) faire.
Aussi quand RAB me propose de participer à un de ces événements, l'occasion de me faire quelques copains Beefs supplémentaires me séduit forcément. L'idée est de participer à un contest puis d'aller essayer les voies dures d'un des secteurs phares, The Works. Le contest fût l'occasion d'une rencontre inattendue et extrêmement émouvante. Après 2/3 heures de bourrinage sur les différents problèmes posés par les ouvreurs, un gars vient me voir et se présente, derrière il rajoute "Frendo Spur, summer '13". Le souvenir de ce secours me revient immédiatement en mémoire. Un matin d'été 2013, on me transmet une alerte " deux jeunes ont bivouaqué dans le Frendo, l'un d'eux a glissé, son partenaire ne le voit plus", malheureusement prés cela la communication coupe et nous ne réussissons pas à le rappeler. Une couche dense de nuages enveloppe toute la face nord, malgré le manque de visibilité et devant l'urgence, le pilote de l’hélicoptère fait le forcing pour nous poser à la rimaye. La proximité des câbles des bennes de l'Aiguille du Midi accentue la dangerosité de l'opération et après quelques minutes d'extrème tension, décision est prise de nous poser au Plan de l'Aiguille, nous continuerons à pied. Accompagné d'un médecin, nous nous dirigeons vers le pied de la face. Le mauvais temps de la veille a chargé la montagne en neige et avec le réchauffement de la journée de grosses coulées dévallent le versant nord. Pour trouver la victime plus rapidement et aussi éviter de rater l'attaque de la voie, je fais une erreur volontaire sur la gauche. Le pendant de cette action nous oblige à traverser horizontalement le pied de la face et nous exposent dangereusement aux avalanches. J'augmente la distance d'encordement au maximum en espérant que si une coulée nous embarquent, l'un de nous 3 restera en surface pour sortir les autres. Chance et rapidité, nous ménent à l'attaque sans encombre. Mais quand plus tard, le brouillard se lévera, un frisson me parcourt le dos, l'itinéraire que nous avons suivi a été intégralement balayé par les coulées!!! A l'attaque, pas de victime, il faut continuer à progresser pour retrouver les gars. Le médecin reste en sécurité au pied pendant que nous poursuivons. Sur ce terrain de roche humide et de neige sans consistance, le dry tooling fait merveille, nous remonterons les 2/3 de l'itinéraire sans que personne ne réponde à nos appels. La visibilité est toujours nulle et les conditions de la montagne ne s'étant pas amélioré, nous dé-escaladont l'itinéraire de monté. La nullité de notre résultat me dépite mais nous avons donné notre maximum, plein d'amertume nous regagnons le plan de l'Aiguille sans mot dire. il faudra attendre le lendemain pour agir. Quelques heures plus tard, en plein milieu de la nuit, un appel de secours nous provient du refuge du Gouter, un candidat au Mont-Blanc fait un malaise, il faut le descendre d'urgence. La chape de nuage s'est levée, grâce à l'hélico et la dextérité du pilote, le secours est rapidement menée. En remontant, de l’hôpital de Sallanches, nous reparlons du secours de ce matin, nous avons tous envie de retourner jeter un oeil là haut au cas ou, mais survoler la face nord sans aucune visibilité ni indice serait inutile et surtout dangereux. Mais d'un coup, un petit point lumineux clignotant attire notre attention. Pas de doute, c'est notre rescapé. L'euphorie est de courte durée car l'opération sera délicate. Si le "téléféérique" fait le bonheur de beaucoup, ses cables sont un véritable piége à hélico. Je sais que pilote et mécano vont gérer la situation, aussi je me concentre sur ce que j'ai à faire. Dans le mauvais temps sans visibilité, le survivant a posé son bivouac sous le plus gros sérac de la face. Inconcevable que je m'expose en rompant la ligne de vie qui me relie à mon ange gardien, je travaillerai donc pendu au cable du treuil et dans le souffle du rotor qui m'envoie sans cesse de la neige en pleine figure. Dans les quelques instants qui précéde le treuillage, je me répéte intérieurement les gestes a effectuer, l'exposition sous le sérac est telle que chaque seconde gagnée sera précieuse : sortir mon gars de son sac de couchage, le sécuriser sur moi, vérifier que son baudrier est bien fixé, le détacher de son relais puis faire dégager l'hélicoptére en étant certain que l'alpiniste n'est pas accroché à la paroi de glace par une longe qui aurait échappée à mon attention. En effet, ce genre de mésaventure pourrait déstabiliser la machine, et nous conduire tous vers une issue fatale. Une fois ce schéma intégré, je fais un petit signe de main au mécano, le secours de Harry peut commencer.
Malgré cet accident, il a continuer la montagne et est maintenant le meilleur représentant de sa majesté dans les coupes du monde d'escalade de glace.
Le contest déroule, je ferais les 15 problémes à vue et gagnerais la finale :-) Une journée de repos à visiter Glasgow puis on prend la route de Lake District. La bas, mon objectif est de tenter la réalisation d'une voie équipée et réalisée par Greg Boswell. Alpiniste de talent, le bougre est une montagne de muscle et je sais que le challenge ne sera pas simple, j'ai bien regardé la vidéo de son enchainement et je sais que ce cochon à fait deux mouvements extrémement loin, si loin que le trés entrainé et tres grand Hollandais Dennis Van Hoeck ne les a pas réussit. Comme la pluspart des sites de dry locaux, The Works est situé dans une carriére désaffectée. Les profils sont soit ultra-déversant soit carrément en toit. Le premier jour, prés un 9+ en échauffement, je tente "Guardian of the underworld", un D13 ultra long. A part le Boswell, le peu de répétition ont été faite avec Yaniro et du coup, les pieds sont à découvrir avant chaque mouvement. Pendu au plafond, ces quelques secondes coutent trés cher en potentiel et finalement je tombe cramé à 2 moov de la fin du crux !
Le lendemain, aprés un échauf' rapide, je suis motivé à 3000% pour tenter le 13 de "Powerdab". Actuellement, la côte la plus dure en dry est 14 , il existe seulement deux voies de ce niveau au monde : IronMan de Robert Jasper et Bichette, ma voie à l'Usine. Coté performance, la meilleure perf à-vue doit tourner dans le 12. Une bonne observation de la ligne me met en confiance, il n'y a que 14 mouvements dans un quasi-plafond mais ça à l'air jouable à-vue !!!! Les séances d'entrainement à la grotte de Castor vont porter leurs fruits :-) Dés le premier moov, un jeté puissant, le ton est donné. 30 minutes d'effort et je tords la ligne à-vue. Dément, c'est surement la meilleure perf mondiale !!!!!!! Le dernier jour, je chope enfin la chaine de Guardian. 2 voies en D13 dans la besacce, jolie moisson :-))
Crédit Photos : Dorota BANKOWSKA / Connor Mc CARTHY / Andrew RUTHERFORD
Et en cadeau, ces belles images prises sur la falaise de Quintal(74) par Julien FERRANDEZ http://julienferrandez.com/
Voie de final, STS 2014, Glasgow Merci à FinalCrux pour les tofs |
Aussi quand RAB me propose de participer à un de ces événements, l'occasion de me faire quelques copains Beefs supplémentaires me séduit forcément. L'idée est de participer à un contest puis d'aller essayer les voies dures d'un des secteurs phares, The Works. Le contest fût l'occasion d'une rencontre inattendue et extrêmement émouvante. Après 2/3 heures de bourrinage sur les différents problèmes posés par les ouvreurs, un gars vient me voir et se présente, derrière il rajoute "Frendo Spur, summer '13". Le souvenir de ce secours me revient immédiatement en mémoire. Un matin d'été 2013, on me transmet une alerte " deux jeunes ont bivouaqué dans le Frendo, l'un d'eux a glissé, son partenaire ne le voit plus", malheureusement prés cela la communication coupe et nous ne réussissons pas à le rappeler. Une couche dense de nuages enveloppe toute la face nord, malgré le manque de visibilité et devant l'urgence, le pilote de l’hélicoptère fait le forcing pour nous poser à la rimaye. La proximité des câbles des bennes de l'Aiguille du Midi accentue la dangerosité de l'opération et après quelques minutes d'extrème tension, décision est prise de nous poser au Plan de l'Aiguille, nous continuerons à pied. Accompagné d'un médecin, nous nous dirigeons vers le pied de la face. Le mauvais temps de la veille a chargé la montagne en neige et avec le réchauffement de la journée de grosses coulées dévallent le versant nord. Pour trouver la victime plus rapidement et aussi éviter de rater l'attaque de la voie, je fais une erreur volontaire sur la gauche. Le pendant de cette action nous oblige à traverser horizontalement le pied de la face et nous exposent dangereusement aux avalanches. J'augmente la distance d'encordement au maximum en espérant que si une coulée nous embarquent, l'un de nous 3 restera en surface pour sortir les autres. Chance et rapidité, nous ménent à l'attaque sans encombre. Mais quand plus tard, le brouillard se lévera, un frisson me parcourt le dos, l'itinéraire que nous avons suivi a été intégralement balayé par les coulées!!! A l'attaque, pas de victime, il faut continuer à progresser pour retrouver les gars. Le médecin reste en sécurité au pied pendant que nous poursuivons. Sur ce terrain de roche humide et de neige sans consistance, le dry tooling fait merveille, nous remonterons les 2/3 de l'itinéraire sans que personne ne réponde à nos appels. La visibilité est toujours nulle et les conditions de la montagne ne s'étant pas amélioré, nous dé-escaladont l'itinéraire de monté. La nullité de notre résultat me dépite mais nous avons donné notre maximum, plein d'amertume nous regagnons le plan de l'Aiguille sans mot dire. il faudra attendre le lendemain pour agir. Quelques heures plus tard, en plein milieu de la nuit, un appel de secours nous provient du refuge du Gouter, un candidat au Mont-Blanc fait un malaise, il faut le descendre d'urgence. La chape de nuage s'est levée, grâce à l'hélico et la dextérité du pilote, le secours est rapidement menée. En remontant, de l’hôpital de Sallanches, nous reparlons du secours de ce matin, nous avons tous envie de retourner jeter un oeil là haut au cas ou, mais survoler la face nord sans aucune visibilité ni indice serait inutile et surtout dangereux. Mais d'un coup, un petit point lumineux clignotant attire notre attention. Pas de doute, c'est notre rescapé. L'euphorie est de courte durée car l'opération sera délicate. Si le "téléféérique" fait le bonheur de beaucoup, ses cables sont un véritable piége à hélico. Je sais que pilote et mécano vont gérer la situation, aussi je me concentre sur ce que j'ai à faire. Dans le mauvais temps sans visibilité, le survivant a posé son bivouac sous le plus gros sérac de la face. Inconcevable que je m'expose en rompant la ligne de vie qui me relie à mon ange gardien, je travaillerai donc pendu au cable du treuil et dans le souffle du rotor qui m'envoie sans cesse de la neige en pleine figure. Dans les quelques instants qui précéde le treuillage, je me répéte intérieurement les gestes a effectuer, l'exposition sous le sérac est telle que chaque seconde gagnée sera précieuse : sortir mon gars de son sac de couchage, le sécuriser sur moi, vérifier que son baudrier est bien fixé, le détacher de son relais puis faire dégager l'hélicoptére en étant certain que l'alpiniste n'est pas accroché à la paroi de glace par une longe qui aurait échappée à mon attention. En effet, ce genre de mésaventure pourrait déstabiliser la machine, et nous conduire tous vers une issue fatale. Une fois ce schéma intégré, je fais un petit signe de main au mécano, le secours de Harry peut commencer.
Malgré cet accident, il a continuer la montagne et est maintenant le meilleur représentant de sa majesté dans les coupes du monde d'escalade de glace.
Le contest déroule, je ferais les 15 problémes à vue et gagnerais la finale :-) Une journée de repos à visiter Glasgow puis on prend la route de Lake District. La bas, mon objectif est de tenter la réalisation d'une voie équipée et réalisée par Greg Boswell. Alpiniste de talent, le bougre est une montagne de muscle et je sais que le challenge ne sera pas simple, j'ai bien regardé la vidéo de son enchainement et je sais que ce cochon à fait deux mouvements extrémement loin, si loin que le trés entrainé et tres grand Hollandais Dennis Van Hoeck ne les a pas réussit. Comme la pluspart des sites de dry locaux, The Works est situé dans une carriére désaffectée. Les profils sont soit ultra-déversant soit carrément en toit. Le premier jour, prés un 9+ en échauffement, je tente "Guardian of the underworld", un D13 ultra long. A part le Boswell, le peu de répétition ont été faite avec Yaniro et du coup, les pieds sont à découvrir avant chaque mouvement. Pendu au plafond, ces quelques secondes coutent trés cher en potentiel et finalement je tombe cramé à 2 moov de la fin du crux !
Le lendemain, aprés un échauf' rapide, je suis motivé à 3000% pour tenter le 13 de "Powerdab". Actuellement, la côte la plus dure en dry est 14 , il existe seulement deux voies de ce niveau au monde : IronMan de Robert Jasper et Bichette, ma voie à l'Usine. Coté performance, la meilleure perf à-vue doit tourner dans le 12. Une bonne observation de la ligne me met en confiance, il n'y a que 14 mouvements dans un quasi-plafond mais ça à l'air jouable à-vue !!!! Les séances d'entrainement à la grotte de Castor vont porter leurs fruits :-) Dés le premier moov, un jeté puissant, le ton est donné. 30 minutes d'effort et je tords la ligne à-vue. Dément, c'est surement la meilleure perf mondiale !!!!!!! Le dernier jour, je chope enfin la chaine de Guardian. 2 voies en D13 dans la besacce, jolie moisson :-))
Crédit Photos : Dorota BANKOWSKA / Connor Mc CARTHY / Andrew RUTHERFORD